Le Cheval Arabe                     source : ceerfc

Texte : Laurence Delobbe, Photos Serge Farissier

Il est l'incarnation de la grande race. Il est la source

ancestrale de l'amélioration du cheptel chevalin du

monde actuel. Il a la grâce, le charme et la

gentillesse. Il respire la noblesse et la puissance.

Je veux parler, bien entendu, du remarquable

pur-sang arabe.

Jadis dénommé pur-sang arabe, l'arabe proviendrait, semble-t-il, des chevaux primitifs à front plat domestiqués près de la Caspienne, dans les contrées naturellement fertiles des hautes collines au sud du Caucase, durant le quatrième millénaire avant J.-C. Mais sa sélection est l’œuvre des peuples nomades dont les terrains de parcours se sont étendus du Moyen-Orient à la péninsule Arabique.

CRéé D'UNE POIGNEE DE VENT DU SUD

Appelés à se déplacer pour nourrir leurs troupeaux, les nomades, de tempérament guerrier, ont cherché à produire un cheval de raid, rapide, apte à porter longtemps le poids. Pour ce peuple croyant, le cheval arabe, reconnu comme un don du Créateur, n'échappa bien évidemment pas aux préceptes du Coran : 

Allah dit au vent du Sud : 
"Deviens chair, car je vais faire de toi une nouvelle créature, en l'honneur de mon saint Dieu et pour la défaite de mes ennemis, afin que tu sois le serviteur de ceux qui me sont soumis" 
et le vent du Sud répondit : 
"Seigneur, qu'il en soit fait ainsi". 
Alors AIlah prit une poignée de vent du Sud, souffla dessus et créa le cheval. Il dit : 
"Ton nom sera arabe, la vertu sera attachée aux poils de ta crinière et tu porteras sur ton dos le butin des ennemis. C'est toi que j'ai choisi entre tous les animaux de somme, et j'ai fait de ton maître un ami. Je t'ai donné le pouvoir de voler sans ailes, que ce soit à l'attaque ou à la retraite. Je placerai sur ton dos des hommes qui me loueront et me glorifieront et chanteront alleluia sur mon nom". 

Le commandement religieux associé à une passion extraordinaire pour les chevaux ont conduit le bédouin à entretenir une relation exceptionnelle avec son cheval. Il vivait sous la tente de son compagnon et en partageait la nourriture composée de viande de chameau, de sauterelles, de dattes séchées et de lait de chamelle. Mahomet, convaincu par la supériorité de ces chevaux, en acheta aux tribus bédouines contre des esclaves. C'est donc surtout depuis la conversion des peuples à ]'Islam, sous la conduite de Mahomet, que la sélection de l'arabe fut suivie. La morphologie obtenue par le résultat des guerres et des courses, les conditions d'existence incroyablement rudes et la vigilance des bédouins soucieux de la pureté de la ligne sont autant de facteurs qui, conjugués, donnèrent naissance au cheval le plus élégant et le plus distingué du monde. Les filiations furent enregistrées avec soin, transmises oralement ou par écrit. Cette sélection, surveillée par un réel fanatisme, établit des critères de pureté. Par exemple, les éleveurs tenaient particulièrement à la disposition des épis, à laquelle était attribuée une signification précise de qualité, ou encore, il n'était accouplé que deux chevaux de même sang - conception étrangère pour l'époque à l'éleveur occidental qui considérait la consanguinité comme porteuse de faiblesses congénitales.

Toujours reconnaissables aujourd'hui, trois types de chevaux arabes se distinguent : le Kehylan de type masculin, il est le symbole de la puissance et de l'endurance, le Seglawi de type féminin, elle est beauté et élégance, enfin le Muniqui de type maigre, il symbolise la vitesse et la course.

 

I’ARABE BUVEUR DE VENT

D'Orient, l'arabe fut d'abord amené dans les pays du Maghreb puis introduit en Espagne et en France par les Maures. Considéré comme une monture de parade, un regain d'importance lui fut donné lors des croisades. Il fut notamment l'objet de cadeaux de princes aux souverains occidentaux. Sa carrière dans la cavalerie redoubla à partir de la renaissance et surtout lors des guerres napoléoniennes. Il était recherché pour son endurance et sa rapidité.

Après une régression pendant la seconde guerre mondiale, l'élevage redémarra dans le monde entier en particulier aux États-Unis ou il se développa ainsi qu'en Europe (surtout en Pologne, en Grande-Bretagne et en France). Le cheptel chevalin semble se réduire dans les régions qui furent son berceau. Jusqu'au début des années 70, Beyrouth constituait le conservatoire de la race pure. Créé en 1833, le stud-book français comprend une section arabe où sont inscrits les produits nés en France ou importés d'Orient, d'Afrique du Nord ou d'ailleurs. La preuve de la pureté de la race peut ainsi être établie.

UN CHEVAL AUX CARACTÉRISTIQUES TRÈS MARQUÉES

Le cheval arabe représente la race pure la plus ancienne résultant de plusieurs siècles d'utilisation et de sélection en milieu exigeant. Cette évolution aboutit à la constitution d'un petit cheval dont la taille est comprise entre 1,45 m et 1,60 m et aux caractéristiques très marquées. Le cheval arabe a une petite tête fine et jolie, son profil est concave, parfois le chanfrein est droit, le front est large et harmonieux, du haut duquel de petites et fines oreilles se dressent. Tournées vers l'intérieur, elles forment une sorte de croissant. U arabe a de grands yeux mobiles et magnifiques, très expressifs, aux cils étonnants. Il a de larges naseaux à la peau fine. Son encolure est légère et flexible mais jamais massive. Sa crinière est infiniment soyeuse, il porte le garrot haut, son poitrail est large et son dos bien conformé, le corps est compact et bien musclé. Il a le poil ras, lustré, d'une douceur incroyable, sa robe est très souvent de couleur grise, baie, alezan ou parfois noire. La croupe horizontale, équilibrée, doit être la plus longue possible. La queue garnie dès la racine d'un poil très doux est attachée haut et droit et doit avoir un port élevé, les épaules sont légèrement obliques. Le dessin formé par la ligne du dessus, la ligne d'aplomb du membre, celle du membre postérieur et le sol peut affecter la forme d'un carré. Les membres, nets, forts et délicats, sont surtout musclés dans les régions proximales. Les canons sont courts, les paturons de taille moyenne, les tendons sont saillants et tendus. Sans crin sur le boulet, il a de petits pieds, bien ronds à la corne dure et d'une exceptionnelle résistance. Un arabe a l'ossature forte et peut peser de 350 à 400 kg. L'impression dominante est l'harmonie; il est la grâce même en mouvement. Doté d'une forte personnalité, l'arabe se révèle obéissant et courageux. Il est intelligent et noble. Il est capable d'avoir une relation affective très structurée avec l'homme. Les entiers possèdent toutefois un caractère affirmé, sans pour cela être dangereux, dès qu'ils sont correctement traités et montés. Résistant et sobre, l'arabe ne demande pas un entretien compliqué ni de

grandes dépenses en alimentation, l'avoine, trop riche, lui étant peu affectée à cause de sa nature très vive. Il ne présente pas non plus de prédisposition particulière aux maladies.

UNE ENDURANCE EXCEPTIONNELLE

De nos jours, on élève les arabes plutôt pour leur race et leur beauté. L'arabe est, de fait, considéré comme un améliorateur de race. Cela signifie que les races indigènes des pays européens reçurent une quantité importante de sang arabe, ce qui dans la plupart des cas les améliora. L'arabe peut être utilisé pour toutes les disciplines sportives, avec certainement une nette prédilection pour les randonnées et les courses d'endurance un cheval d'endurance doit être capable de parcourir, à une vitesse de 15 à 18 km/h, un parcours de 80 km). Il convient très bien à l'attelage mais pas aux grosses compétitions ou concours hippiques car il est trop petit. Apprécié pour son caractère très doux, il reste le compagnon idéal pour les loisirs et la promenade.

 

STANDARD ... de l'ARABE par Robert Mauvy, fondateur de l'Union pour la Sauvegarde du Cheval Arabe. L'expression hippique "Sang" résume, dans un tempérament nerveux - sanguin au paroxysme - le concentré d'énergie, de force, de solidité des tissus, de densité des os, de résistance à toute épreuve, de volonté et de courage. Le cheval arabe de sang pur est l'xpression la plus haute du "San". C'est lui le "Sang" ! C'est lui seul qui le transmet à tout cheval qui galope ! Sans l'arabe, il n'existerait aucun pur-sang, aucun barbe, andalou, anglo-arabe ni trotteur. Il n'existerait aucun cheval de selle digne du nom dans le monde. On a voulu "standardiser" l'arabe !  Les uns le voulaient petit, d'atres le voulaient grand ou gors : on voulait faire admettre des dos plus ou moins creux, des crânes bombés, que sais-je ! On l'a magnifié, souvent de façon puérile ; on l'a critiqué sans ménagement, souvent aussi par ceux qui ne le connaissait pas et ne l'ont jamais employé ! la "perfection" dont ce cheval est l'image ne se standardise pas ! Le courage, la volonté, le feu dans l'action, l'insouciance sous le poids, la noblesse d'attitude, l'incroyable résistance à l'effort prolongé, ne se mesurent pas. Mamlouk (élevage Chazel - propriétaire M. Didier Donat). Né et élevé dans le pays des pharaons, est le seul fils de Misk en europe. Son pedigree est d'une grande qualité.

 

Groupement Syndical National des Éleveurs,
Propriétaires et Cavaliers
de Chevaux Arabes en France (G.C.A.)

Secrétaire Général :
M. Michel Charvet
Montchardon
38470 - Cognin les Gorges
Tel : 04 76 38 20 29

Le G.C.A. tient à proposer un programme d'élevage et de sélection avec caractérisation des animaux, mâles et femelles afin que chaque cheval puisse avoir une définition bien établie en fonction de ses qualités : conformation, modèle, performances etc...

 du Désert à la Course 
le cheval arabe
-
Certaines croyances le disent né de la volonté de Dieu pour
être le compagnon de l'Homme. Il est le seul cheval qui
puisse être vraiment considéré comme de "race pure".
Il représente le premier résultat des efforts raisonnés des
peuples en vue d'obtenir un type d'animal adapté au
service qui lui est demandé. L'arabe est la première réussite
d'une sélection méthodique, et, au fil des âges,
il reste le symbole de la plus belle conquête de l'Homme.

Par Catherine Roux

 

D’où vient-il ? Son origine se perd dans la nuit des temps. Vraisemblablement, sa vie commença dans les contrées assez fertiles des hautes collines du sud du Caucase ou, comme l'attestent des peintures rupestres découvertes dans la péninsule arabique, de quelques territoires où il existait près de trois mille ans avant notre ère.

Quant au travail de sélection de la race, il est l’œuvre des peuples nomades qui, pendant des millénaires, parcoururent les terres entre les plaines du Tigre et de l'Euphrate et les chaînes côtières, du Liban à Israël. Dans ces régions au climat plutôt clément mais à la sécheresse importante, l'arabe a trouvé les conditions propres à faire de lui un cheval remarquable.

Les peuples nomades, habitués à se déplacer et dotés d'un vif tempérament guerrier, ont vite fait du cheval leur allié. lis ont cherché à produire une monture rapide, apte à supporter longtemps le poids du cavalier et à des allures vives, même en terrain très varie : un cheval de guerre. Ses qualités intrinsèques ont été conservées de nos jours par tous les représentants de la race arabe. Le cheval moderne est un excellent cheval de raid et de randonnée. Sa résistance est légendaire, même dans des conditions difficiles.

Le cheval arabe se répandit à travers le monde vers le Vlle siècle de notre ère. Il fut, à l'époque, le compagnon des tribus guerrières qui envahirent le bassin méditerranéen à la conquête de nouveaux territoires, lorsque la bannière verte de l'islam, portée par les chevaux du désert, déferla sur la péninsule ibérique et progressivement sur tout l'Occident. Les peuples de l'islam sélectionnaient déjà minutieusement leurs chevaux et cette race fut la première de l'histoire à faire l'objet d'un élevage rigoureux. De cette sélection - les filiations étaient transmises oralement ou par écrit - est né le pur-sang oriental, décrit dans de nombreux documents à travers le monde, qui vantent la noblesse et la pureté de ses sujets ainsi que leurs allures aériennes. Une expression revient d'ailleurs souvent dans toutes les descriptions qui ont été faites de ces chevaux : on les dit "montés sur ressorts".

UN SANG DÉTERMINANT

Le pur-sang arabe fit une seconde incursion vers l'Europe occidentale au moment des Croisades puis, au fil des siècles, fut souvent remis par des princes orientaux aux souverains occidentaux en guise de cadeau. Il fut également l'objet d'achats de voyageurs européens conscients de ses excellentes qualités.

Il est peu de races d'Europe qui n'aient pas subi une influence plus ou moins forte de l'arabe. Considéré par beaucoup d'amateurs d'équidés comme le plus beau cheval du monde, l'arabe a participé à la création ou à l'amélioration de nombreuses races utilisées dans les différentes disciplines équestres. On retrouve du sang arabe même dans certaines races dites lourdes et, récemment, quelques races de poneys ont pu bénéficier de son apport pour renforcer leur courant de sang. L'arabe est aussi à l'origine de la fondation de la race du pur-sang anglais, qui le dépasse en taille et en vitesse, mais à qui il n'a pas transmis toute sa vigueur et sa résistance.

Sur l'Hexagone, le stud-book du pur-sang arabe fut créé en 1833 et est aujourd'hui tenu par les Haras nationaux. Le pur-sang arabe représente la première partie du livre généalogique des races françaises de chevaux de selle. Les souches remontent toutes des chevaux importés d'Orient au début du XIXème siècle. Tous les produits nés en France sont inscrits, ainsi que ceux qui sont importés d’autres pays. Le livre du stud-book français est reconnu par l'Organisation mondiale du cheval arabe qui gère et regroupe les organisations d'une trentaine de pays éleveurs de chevaux arabes.

VEDETTE MULTI-FACETTES

Aujourd'hui, le pur-sang arabe est loin d'être seulement un cheval d'élevage. De nombreuses manifestations lui sont consacrées. Au tout premier plan, l'Europe lui consacre de nombreuses journées de courses. Les pays du Maghreb, qui avaient jusqu'à présent un peu oublié cet athlète de choix, reviennent en force sur le marché de l'élevage (sélection des origines course) ravis du potentiel inestimable de ce cheval issu de leurs terres les plus reculées.

Depuis plusieurs décennies, l'arabe est aussi un grand spécialiste des concours de modèles et allures, autrement dit des exhibitions de shows. Dans cette discipline, le pur-sang arabe excelle. C'est une des particularités de son tempérament : il aime à se montrer et, pour beaucoup, il est une sorte de "dieu du stade". Ses prestations sont toujours des moments d'intense émotion.

Enfin, les arabes ont retrouvé le chemin des autres disciplines équestres. Pour preuve, leurs résultats en endurance, par exemple, où, toutes races confondues, ils ont obtenu les meilleures places durant les dernières grandes échéances mondiales. Un autre type d'épreuves se développe depuis 1992 : les Arabians Masters. Elles ont pour but de montrer que les pur-sang arabes ne brillent pas seulement par leurs qualités esthétiques mais qu'il peuvent répondre à bien d'autres exigences sous la selle. Les épreuves (individuelles et facultatives) se composent donc d'une présentation (en main et en liberté), d'un dressage (exécuté sous le règlement de la Fédération), un parcours routier sur une distance précise en un temps donné, suivi d'un "bout vite". Les épreuves se terminent par un cross derby fait de plusieurs obstacles fixes en terrain varié et de quelques obstacle de CSO. Ce parcours est exécuté à une vitesse plus ou moins rapide suivant les séries. Ces épreuves sont l'occasion de rencontrer d'excellents sujets et cette nouvelle discipline va certainement faire de nombreux adeptes parmi les amis du pur-sang arabe.

Un cheval-symbole, en tout cas aux yeux de nombreux amateurs et professionnels passionnés, expression de la beauté à l'état pur, voilà ce qu'est l'arabe aujourd'hui. L'avenir devrait d'ailleurs continuer de lui sourire. Sa musculature puissante, son port de tète altier et ses allures légères seront toujours les atouts dont il jouira et qui feront de lui l'un des plus dignes représentants de la race équine.

ASSOCIATIONS ET PUBLICATIONS

De nombreuses associations s'intéressent au pur-sang arabe à travers I'Hexagone. Elles rassemblent la majorité des éleveurs et comprennent différentes commissions de courses, de shows, d'endurance et d'épreuves sportives. Ces associations ont souvent des délégations régionales. En voici la liste à titre indicatif:

• Association nationale du cheval arabe (ACA) : Christiane Chazel. La Maselle 30170 Saint-Hippolyte-du-Fort. Tél. : (16) 66 77 69 98. Secrétariat, tel. et fax : (16) 66 77 94 64.

• Agence française du cheval arabe: William Richardot de Choisey 107, rue Quimcampoix - 75003 Paris. Tél. : (1) 42 78 94 42

  

• Associations des éleveurs de chevaux arabes : Yves Richardier, Quartier Saint-Amans - 12400 Saint-Affrique. Tél. : (1 6) 65 49 12 55.

• Association nationale française des éleveurs et utilisateurs de chevaux de race arabe : Henri Allagon, Les Belles - 26330 Saint-Avit. Tél.: (16) 75 68 61 35.
  
  
• l'ACA ayant disparu, il ne faut plus utiliser cette adresse !
  L'association syndicale nationale du Cheval Arabe est
  désormais la seule représentative puisque riche de plusieurs centaines de membres son adresse est :
  
  Groupement Syndical National des Éleveurs,
  Propriétaires et Cavaliers
  de Chevaux Arabes en France (G.C.A.)

  Secrétaire Général :
  M. Michel Charvet
  Montchardon - 38470 - Cognin les Gorges - Tel : 04 76 38 20 29

  Le G.C.A. tient à proposer un programme d'élevage et de sélection avec caractérisation des animaux, mâles et femelles afin que chaque cheval puisse avoir une définition bien établie en fonction de ses qualités : conformation, modèle, performances etc...

   

  
  

   

LES OUVRAGES DE RÉFÉRENCE :

• Guide du cheval arabe (annuaire), édité par Caroline Elgosi, 5, rue Alexandre-Cabanel, 75015 Paris. Tél. : (1) 43 06 45 00.
• Le cheval arabe (publication trimestrielle), BP 836, 83051 Toulon Cedex.

  Source : Cheval Loisirs 1993 (?!)

  Le pur-sang arabe

  

   

   

   un Sprinter de Fond 

  Par Juliette Talpin

  Vainqueur de tous les championnats du monde, le pur-sang arabe domine la discipline de l'endurance. Pourtant son modèle et la texture de ses muscles le prédisposent davantage à la course de vitesse. C'est en tirant parti de ses qualités de vitesse et de son exceptionnelle capacité à réguler sa température interne que le cheval arabe a pu être exploité en endurance.

  Aujourd’hui, les courses internationales d'endurance se courent à plus de 18 km/h en moyenne sur 160 km. Le cheval doit non seulement présenter des qualités d'endurance, mais aussi des prédispositions à la vitesse. Les performances exceptionnelles du cheval arabe dans cette discipline viennent de là: il est avant tout prédisposé à la course courte et rapide, mais le monde de l'endurance a su tirer parti de certains de ses atouts physiques pour l'utiliser dans cette discipline. 'Du point de vue des fibres musculaires, tous les chevaux, y compris le pur-sang arabe, sont faits pour aller vite pendant peu de temps', souligne Jean-Louis Leclerc, vétérinaire de l'équipe de France d'endurance. 'Mais la réussite de l'arabe tient justement à ses qualités de vitesse et à sa capacité à réguler sa température interne, facteur important puisque les courses se déroulent en climat chaud", poursuit-il.

  Mais cet atout n'est pas le seul; détaillons ensemble le physique de ce sprinter de fond...

  Une thermorégulation exceptionnelle

  La régulation efficace de la température corporelle (la thermorégulation) permet au cheval de moins suer pendant l'effort et donc de mieux utiliser l'eau pour les muscles en cours de travail. C'est un facteur clé de réussite.

  La peau est un organe majeur du contrôle de la température corporelle. En effet, elle possède un réseau très dense de petits vaisseaux sanguins, appelés capillaires, qui servent d'échangeurs thermiques avec l'air ambiant. Lorsque le cheval a chaud, les capillaires s'ouvrent et le sang se répartit sous la peau à travers ces petits radiateurs. Ainsi étalé, l'excès de chaleur se disperse plus facilement dans l'atmosphère. Venu des pays chauds, l'arabe présente un réseau veineux cutané qui se dilate beaucoup plus vite que chez les autres chevaux (au moindre effort, on voit apparaître ce réseau sous sa peau). De plus, il possède une peau très fine qui facilite les échanges thermiques avec l'extérieur.

  Du fait de sa petite taille et de sa sveltesse, l'arabe possède un autre atout sur les autres chevaux : une relativement grande surface de peau par rapport à une masse corporelle plutôt faible. Ainsi, il produit moins de chaleur qu'un cheval plus corpulent et dispose d'une plus grande surface relative pour la disperser Jean-Louis Leclerc évoque également l'étroitesse du tube digestif de l'arabe: il nécessite donc moins de sang pour ses fonctions digestives que d'autres chevaux. Le sang peut se concentrer davantage au niveau de la peau et des muscles.

  La conséquence de cette bonne capacité à réguler sa température interne va de soi : le cheval arabe transpire moins que les autres chevaux. Et s'il transpire moins, forcément, il boit moins. "Au contrôle vétérinaire des 30km ou des 60km, beaucoup de chevaux ont besoin de boire... Les arabes se détournent du seau qu'on leur propose', témoigne Jean-Louis Leclerc.

  Une très bonne vitesse de récupération

  Chez l'arabe, le rythme cardiaque au repos est assez proche de celui des autres chevaux. En revanche, sa vitesse de récupération est exceptionnelle: son rythme cardiaque après effort revient beaucoup plus vite à la normale. Par ailleurs, il reconstitue très vite ses réserves en énergie : il demande une faible quantité d'aliments pour refaire le plein
  
  Un gabarit de marathonien

  Le pur-sang arabe mesure entre 1,40m et 1,55m au garrot. Avec environ 400 kg, sa masse corporelle est beaucoup plus faible que celle des autres races de selle. Cette caractéristique est un atout majeur pour la réussite en course d'endurance, car le cheval fait moins d'efforts pour déplacer son propre poids.

  De plus, à la différence du dressage, par exemple, l'endurance n'exige pas de puissance. Le cheval doit pouvoir se déplacer rapidement sur des longues distances. Les muscles doivent permettre le déplacement sans dépense excessive d'énergie et, surtout, avec une bonne régulation de la température. Justement, la musculature du cheval arabe est sèche et longiligne. Du fait de leur faible volume, les muscles sont alors beaucoup plus vite refroidis.

  Des membres résistants aux chocs répétés

  L'endurance exige une bonne résistance des membres à la répétition du mouvement. Cela signifie que le choc imposé au membre lorsqu'il se pose à terre doit être réparti au mieux sur tous les segments.

  De tous temps, le cheval arabe s'est déplacé en terrain accidenté et pierreux. Il possède des qualités de proprioception; c'est-à-dire qu'il sait adapter son mouvement en fonction du terrain où il se trouve, afin de fatiguer au minimum ses articulations. Ses membres sont faits pour résister à des chocs répétés car leur constitution est adaptée. En ce qui concerne l'ossature, elle est sèche et se caractérise par des articulations prononcées. De plus, le pur-sang arabe possède des paturons et des canons courts qui évitent aux tendons un étirement trop important à chaque foulée.

  Des qualités de galopeur

  En course d'endurance, le cheval est 80% du temps au galop. A chaque foulée, il doit réussir à couvrir un maximum de terrain en faisant le minimum d'efforts. L'arabe est très fort sur ce point car il est naturellement conformé pour le galop. Son épaule est inclinée, son garrot bien sorti et son dos court. Le galop est une allure de confort pour lui et sa foulée est naturellement ample. Ainsi, Pierre Cazes, sélectionneur de l'équipe de France d'endurance, souligne que : 'le cheval arabe est le seul à posséder de façon innée le sens du déplacement économique".

  Bonne régulation de la température interne, petit gabarit, allures économiques, alliés au courage et à l'opiniâtreté, font du pur-sang arabe le roi des courses de fond.

  Bonne régulation de la température interne, petit gabarit, allures économiques ... Si tous ces paramètres plaident en la faveur du pur-sang arabe, certains ne sont toutefois pas persuadés qu'il est le seul cheval à en être doté. Ainsi, Bénédicte Atger, championne du Monde d'endurance par équipe, estime que "les performances dans notre discipline sont sur tout dues au modèle – effectivement, le pur-sang arabe a presque toujours le gabarit qui convient mais des chevaux d'autres races peuvent aussi présenter un modèle favorable'. Mais elle reconnaît toutefois à l'arabe des qualités exceptionnelles de courage et d'opiniâtreté. Qui comptent aussi!

  Les résultats sont là En France, 50% des chevaux engagés dans des courses d'endurance de niveau régional sont des chevaux arabes. Cette proportion passe à 60% lorsqu'il s'agit de courses de niveau national. Mais, en règle générale, les autres chevaux possèdent un fort pourcentage de sang arabe : ce sont, par exemple, des anglo-arabes ayant entre 50 et 75% de sang arabe ou des croisements trotteur français/arabe. Au niveau international, les chevaux arabes dominent également la discipline d'endurance puisqu'ils ont remporté les huit titres de champion du monde. Source : CNREE

   

  Des fibres musculaires mal adaptées à l'endurance! Il existe trois types de fibres musculaires : 1) Les fibres de type I, qui permettent un effort musculaire long (type endurance), 2) Les fibres de type II B, qui permettent un effort de vitesse de courte durée (type course), 3) Les fibres de type II A, qui sont mixtes. La proportion de ces différents types de fibres est déterminée génétiquement. De façon générale, le cheval est assez mal adapté à l'endurance car ses fibres de type 1 n'excèdent pas 31% contre 63% chez l'homme. Mais, si on observe uniquement les proportions des différentes fibres musculaires, l'arabe s'apparente au trotteur, au pur-sang et au quarter horse, chevaux de courses rapides sur courtes distances (rappelons que le quarter horse doit son nom à son utilisation sur les courses d'un quart de mile - environ 400 mètres). En effet, ces quatre races présentent le même profil musculaire: 10-20% de fibres 'endurance', 30-40% de fibres 'vitesse' et 40-60% de fibres mixtes'. En revanche, le cheval de chasse anglais présente un profil musculaire plus adapté à l'endurance: 31 % de type 'endurance', 37% de type 'mixte' et 38% de type "vitesse'. Le fait que ces chevaux ne réussissent pas en concours d'endurance montre toutefois que la proportion des différentes fibres n'est pas forcément un critère suffisant : la vitesse et la rusticité sont largement aussi importantes.

  L'arabe conquiert... les pays arabes L'endurance est en train de s'imposer comme un nouveau sport dans le monde arabe. Des pays comme l'Arabie Saoudite, les Emirats Arabes Unis ou le Qatar organisent de plus en plus d'épreuves d'endurance (les derniers championnats du Monde de Dubai, en décembre 1998, ont été l'apothéose de cet engouement). Paradoxalement, pour obtenir des chevaux de qualité, ces pays s'adressent dans 80% des cas à la France... pour ses pur-sang arabes. En effet, "en France, des lignées de chevaux arabes d'endurance ont été créées et donnent maintenant des produits d'exception', explique Stéphane Chazel, spécialiste du commerce des chevaux d'endurance. Un marché est donc en train de se développer. Et les prix d'achat explosent: deux millions de francs pour Horla, médaille de bronze aux championnats d'Europe en 1997, ainsi que pour Ratzia d'Alauze, vainqueur des 160 km de Florac en 1997.

  

  Show et endurance:  ils sont compatibles Sélectionné pour sa beauté, le pur-sang arabe de show conserve néanmoins ses qualités d'endurance et de vitesse. La preuve a été faite par certains étalons. Meaklouf, étalon champion du monde de show, possède dix produits classés en concours d'endurance internationaux. Quant à Drug, champion d'Europe de show, il est également champion en course de vitesse. Peut-être faut-il en conclure que la sélection sur la beauté ne dénature pas les qualités essentielles du cheval arabe ?

  Source : Cheval Magazine n°327

   

  source : ceerfc